TOUR DES 3 CIRQUES- LA REUNION

Une semaine dans les cirques

Cilaos- Mafate- Salazie

Lundi 22 septembre

Vite, deux courses dans Cilaos : sandwichs pour midi et pharmacie pour soigner un rhume inopportun. Nous laissons la voiture et les gros sacs au gîte jusqu'à la semaine prochaine. En route pour la grande aventure... Pas question de prendre le car, ce qui nous aurait bien raccourci le premier jour de rando. Nous sommes des vrais, des purs et durs ... un peu masos. A partir des thermes, nous prenons le chemin des Anciens, montons jusqu'au plateau des chênes, passons près du bassin bleu. Nous contournons le bonnet carré, redescendons avant l'Ilet du Bois Rouge. Tiens, la route... De l'autre côté le sentier continue toujours en descente, nous traversons Bras Rouge et bien sûr nous remontons sur l'autre versant avant de recouper la route. Le car aurait pu nous déposer là mais bon... D'ailleurs, à force de monter et de descendre, Cilaos est toujours à notre niveau, au bout de 3 h de rando ! Enfin, maintenant, il ne reste plus que 830 m de dénivelé pour arriver au col. Inutile de dire que ça monte, monte, monte... Néfliers, mimosas, filaos, bambous, des milliers de fleurs partout. Les chants d'oiseaux nous accompagnent. Nous approchons de l'Ilet des Salazes. Une petite cabane nous appelle : venez boire mes bonnes tisanes : une tisane énergisante pour monter ou anti-crampes pour la descente ? Hum, excellente, à base de géranium, ça fait du bien au moral même si la tisannière nous annonce, tout sourire : "plus que 500 m de dénivelé avant le col". Et c'est reparti. Enfin vient le moment de déguster nos sandwichs. Un teck teck vient quémander nos miettes. Nous arrivons à la plaine des Fraises et continuons notre ascension vers le col. Ah nous voici à la partie effondrée, sécurisée par une main courante. Pas vraiment impressionnant, à condition de ne pas lever la tête : un pan de rocher semble vouloir demander son indépendance... Là-haut, un oratoire, c'est sûrement le col. Et bien non, encore un effort. Ouf, on y est : 2082 m. Ne reste plus que la redescente sur Marla, environ 1 h. Devant nous, le cirque de Mafate, superbe. Nous nous installons au gîte Yolande Hoareau, petite chambre avec deux lits qui nous rappelle un peu le Népal. D'ailleurs, il fait froid et les doudounes ne sont pas de trop pour rejoindre la salle où un bon repas nous attend.

Mardi 23 septembre

A 7 heures, nous prenons notre petit-déjeuner, puis allons acheter deux sandwichs au "bar" voisin. Aujourd'hui, étape plus tranquille : La Nouvelle en passant par Les Trois Roches. Le départ est peu pentu à travers un bois de filaos. Mais bientôt, le terrain s'accidente, une pente raide sinue à travers un décor très minéral, noir. On croirait descendre dans le cratère d'un volcan. Il est vrai qu'ici, tout est volcanique. Nous arrivons à la rivière des Galets que nous traversons. Nous la suivons, en rive droite, tantôt à son niveau, tantôt largement au-dessus. De grandes dalles et c'est le croisement avec la Plaine aux Sables. Un petit quart d'heure et nous voici aux Trois Roches. Une immense cassure dans la rivière aboutit à une cascade de 40 m. Même en s'approchant prudemment du bord, on n'aperçoit pas le fond ! La rivière se fait canyon. Nous dégustons nos sandwichs sous les yeux affamés de deux chats et d'un chien. Retour au croisement vers la Plaine aux Sables. Belle montée d'environ 200 m de dénivelé, bordée de culture de lentilles puis c'est la descente vers la Plaine que nous traversons. Tiens, là-bas, au fond une tombe... Ravine aux Sables, nous traversons, Bord de Mars, ça monte, ravine Gérien, ça descend raide. Dernière montée pour atteindre l'Ilet de La Nouvelle. Le relais de Mafate nous attend avec ses bières fraîches, sa chambre confortable. Une bonne douche et en route pour le tour de l'Ilet. Hum, là, au snack, des bocaux de rhum arrangé, de toutes couleurs. Bon, nous nous contenterons d'un bon chocolat chaud. L'école se vide, la garderie s'anime. Nous nous baladons au milieu des cases colorées, un peu dispersées, semblant avoir été posées au hasard, entourées de poules, coqs, vaches, taureaux, moutons. Un succulent repas nous attend : punch traditionnel, gratin de chouchou, rougaï poulet-saucisses, gâteau patate, rhum, en compagnie d'un sympathique couple de Suisses.

Mercredi 24 septembre

Allez debout : il est 6 h 30. Une grosse étape nous attend aujourd'hui. Petit-déjeuner avalé, sandwichs commandés la veille récupérés au snack et on y va. Nous repassons devant l'école encore endormie, puis au-dessus du cimetière endormi pour toujours. Nous nous hissons jusqu'à Traverse La Plaine des Tamarins et passons l'embranchement du Col des Bœufs pour monter vers le Col de Fourche. Ouf, moins de monde ! Le Col des Bœufs est accessible en voiture et de nombreux randonneurs vont de là à La Nouvelle. Le Col de Fourche avalé, nous descendons vers la plaine des Merles et traversons plusieurs fois la ravine du même nom. C'est un vrai jardin fleuri. Le sentier passe en balcon au-dessus de la rivière de Fleurs Jaunes. En face de nous, une superbe cascade. Toute cette partie de la rando est un enchantement, une balade dans un jardin exotique, chaque détour de sentier mérite une photo. Nous arrivons au Grand Sable et déjeunons à côté d'un abri caché là. Plus que 3 h pour Hell-Bourg. Une piste passant au pied du piton des Lesses nous mène à Mare d'Affouches. Mais que vois-je ? Devons-nous vraiment passer par là ? Une horrible piste raide, glissante, interminable, monotone nous descend jusqu'à la rivière du Mât enjambé par une passerelle. Les heures s'allongent. Encore une grimpette et enfin la route. Une âme charitable nous prendra-t-elle en stop ? Que nenni ! Les seules voitures qui nous doublent sont déjà pleines comme des œufs. Et ça monte toujours ! Les pieds nous brûlent. Ah, les Anciens Thermes. Bien, à partir de là un sentier nous conduit jusqu'à Hell-Bourg. Encore faut-il chercher le gîte. Renseignement pris, c'est là, un peu plus loin, dans une rue qui monte (encore !). Nous sommes accueillis chaleureusement au gîte créole de La Mandoze et après une bonne douche, une bière non moins bonne, nous voilà d'attaque pour un succulent repas créole. Le patron nous chante des chansons "pays" mais nous ne résisterons pas bien longtemps à l'appel de notre lit...

Jeudi 25 septembre

Quelques emplettes et c'est parti pour la rude ascension vers Bélouve : 500 m de dénivelé, 3,500 km. Virage après virage, nous nous élevons doucement. La ravine de La Vierge nous offre son champ d'arums. De petits panneaux nous encouragent : + 100 m, + 200 m, + 300 m etc... Nous dominons Hell-Bourg et le cirque de Salazie s'offre à nos yeux ravis. Nous arrivons sur le plateau. Il est trop tôt pour aller au gîte (ce que nous sommes rapides, tout de même!). Aussi, tout de go, nous prenons le sentier qui mène au Trou de Fer. "La forêt de Belouve, c'est plat" m'a dit Jean-Marc. Oui, enfin, sur la carte peut-être ! Car c'est sans compter les RAVINES ! Descendre, remonter, tel est notre lot. Nous arrivons enfin sur une grande piste que nous suivons un moment. Petite incursion dans la forêt qui nous entoure pour aller admirer la "Reine des Tamarins". Un peu plus loin, sur la gauche, un panneau : Trou de Fer par sentier. Allez hop, nous plongeons dans la forêt tropicale : fougères arborescentes, tamarins, arbres à lichens, agaves, la végétation se mêle et s'emmêle. Des plantes poussent sur les racines sorties du sol et sur les troncs d'arbres. On ne sait plus qui est quoi ! Une petite pluie fine nous rafraîchit. Tiens, un embranchement : "Trou de Fer, fermé pour travaux". Allons-nous renoncer ? Bien sûr que non. Nous nous glissons sur le côté et descendons, descendons sur des planches récemment installées, jusqu'à la plate-forme. Évidemment, le brouillard nous cache la vue. Nous nous y attendions. Mais soudain le coton se déchire et nous laisse apercevoir la magnifique cascade, juste en face de nous. Photos, photos... Demi-tour, nous laissons derrière nous le passage interdit, prenons le sentier de l’École Normale, planches sur pilotis. Nous imaginons le torrent de boue en dessous de nous à la saison des pluies... Le soleil joue à cache-cache avec la bruine. Tiens, le voilà, vite déjeunons. Zut, il repleut, le dessert sera pour plus tard ! Nous arrivons à la Grande Mare au plateau Cochons. Enfin les planches nous amènent sur une piste que nous suivons pour épargner nos genoux. Celle-ci débouche sur une route forestière qui nous reconduit au gîte quelque peu trempés. Hum, qu'il est bon ce chocolat chaud ! Enfin, nous prenons possession d'une belle chambre avec douche (commune avec la chambre d'à côté). Vite, pas encore de voisins ! Nous nous jetons sous l'eau brûlante. Que c'est bon ! Ragaillardis, nous allons visiter le petit musée en face du gîte qui raconte l'histoire de la forêt de Belouve, des esclaves "les Marrons" qui s'y cachaient, des tamarins qui fournissent un bois précieux descendu par un petit téléphérique jusqu'à la "Mare à Poule d'Eau" quelque 700 m plus bas.

Vendredi 26 septembre

Il pleut toujours. Néanmoins, nous gardons le moral. "Le temps change vite à La Réunion" nous a-t-on dit. Petit-déjeuner avalé, sandwichs dans les sacs, nous voilà partis, convaincus que le soleil allait vite nous réchauffer et nous sécher. Le sentier est superbe à travers la forêt vierge. Juste un peu "humide". Nous enjambons (enjamber = descendre + remonter) la ravine des Demoiselles, passons au pied du piton des Chèvres et grimpons sur le Cap Anglais. Le chemin, jusqu'alors équipé de planches et d'échelles devient sente ruisselante, pentue, caillouteuse. Nous montons, montons sous un déluge qui jamais ne cesse. Le vent s'en mêle et nous arrivons au refuge de La Caverne du Four (2479 m) trempés jusqu'au slip (eh oui!) et complètement frigorifiés. Ouf, nous nous changeons entièrement, déballons nos sandwichs, buvons un café chaud, ça fait du bien. Autour de nous, on n'entend guère parler français : des allemands, des autrichiens dont un couple avec un bébé de 11 mois. Ils dormiront dans notre "bungalow". Et oui, pour éviter les dortoirs nous avons réservé un "bungalow". Comment aurions-nous pu deviner que nous nous retrouverions dehors, dans le coin le plus venté, dans une vilaine tente baptisée "Le Volcan". Et oui, c'est ça un bungalow à la Caverne du Four ! Nous y serons 6, 2 couchettes en haut nous sont attribuées, rien pour faire sécher les affaires... Nous retournons donc au refuge où il fait un peu plus chaud. Lecture, sudoku, que c'est long jusqu'au soir ! Le refuge se remplit, le refuge est bourré. Soudain, un rayon de soleil ! Tout le monde se précipite sur la terrasse. Nous étalons nos affaires dans le vain espoir de les enfiler sèches demain. Mais le soleil disparaît derrière la montagne et la pluie recommence. Enfin 18 h 30. Nous nous installons dans l'immense salle à manger. Nos copains suisses de La Nouvelle nous rejoignent. A 19 h 30, le repas est terminé. Nous discutons encore un peu, mais bientôt nous devons nous résoudre à regagner notre "Volcan". Va-t-il exploser sous l'effet de la tempête ? Les lits bougent, on se croirait dans un train-couchettes ! A 3 h du matin, heure à laquelle nous aurions dû nous lever, le vent et la pluie se déchaînent. C'est fichu pour le lever du soleil sur le piton des Neiges. Nous restons couchés.

Samedi 27 septembre

Au petit matin, les chemins sont devenus cascades, la pluie tombe à l'horizontale. Peu de volontaires pour l'ascension. Attendons-nous que le Dieu Soleil nous fasse la grâce de réapparaître ou redescendons-nous ? Rester au refuge ne nous tente pas du tout. Allez zou, Cilaos nous attend ! Bon, mais d'abord, il faut remonter un sentier devenu canyon. Attention, là une flaque, que dis-je un lac. Glisser dedans serait fatal à l'étanchéité déjà bien compromise de nos chaussures ! Nous atteignons enfin le GR 2 qui descend sur le petit Matarum (abri et source captée). On nous double en courant, on nous croise en courant... entraînement oblige. La Diagonale des Fous, c'est pour bientôt. Nous pensons tout bas que ce trail porte bien son nom. Soudain, une pierre roule sous mon pied, je me retrouve le nez écrasé par terre, j'embrasse la terre... Ça saigne. Jean-Marc vient à mon secours avec des tonnes de mouchoirs avant de s’asseoir, un peu pâlot... Bien, mais Cilaos est encore loin. On y va. Jean-Marc est aux petits soins et vire les pierres du chemin. Le pauvre, y'a du boulot ! Il pleut toujours. Ce n'est qu'en bas, vers le Bloc que la pluie se fait bruine et qu'un pâle soleil apparaît et nous fait admirer un bel arc-en-ciel. On grignote au soleil. Tiens, nos Suisses ! Ils ont préféré rejoindre Cilaos plutôt qu'Hell-Bourg où ils avaient laissé leur voiture. Long voyage en car en perspective pour eux... Quant à nous, le GR 1 nous attend. Une centaine de mètres de dénivelé à gravir avant le plateau des Chênes et enfin rejoindre les Thermes et notre gîte. Nous posons nos affaires à la voiture, enfilons les sandales, direction le "Cass'dale" au bord de l'étang de Cilaos. Quel bonheur de savourer une "dodo", une bonne salade, des samoussas, une glace, un café, le tout au soleil ! Retour au gîte, séchage des affaires dans notre jolie chambre, une douche chaude, du repos, le PIED !!!

Cat.

A suivre....